La contemplation de Dieu dans les femmes est la plus intense et la plus parfaite.
Ibn Arabî, Fuçuç al-hikam
La Sophia Perennis, telle que l’a exprimée Frithjof Schuon, n’exclut aucune manifestation positive du Divin. Les exotérismes religieux ont plutôt tendance, à juste titre d’ailleurs, étant donné qu’ils entendent s’adresser à une majorité forcément inégale, à considérer tout ce qui concerne la féminité, la sexualité et le corps féminin comme étant plutôt une occasion de péché. La Sophia Perennis entend redonner à ces aspects leur dimension et leur valeur. Les courtes citations ci-après permettront d’entrevoir, mais non d’épuiser, comment une contemplation objective et vécue de la féminité sous ses divers aspects (archétypes et formes sensibles) satisfait à l’un des besoins les plus profonds de la nature humaine intégrale et comment le discernement intellectif et son assimilation sanctifiante peuvent transmuer l’amour de la femme et de la beauté féminine en un moyen spirituel des plus profonds et des plus puissants.
La femme, synthétisant la nature vierge, le sanctuaire et la compagnie spirituelle, est ce qu’il y a pour l’homme de plus aimable, elle est sous un certain rapport la projection de l’Intériorité miséricordieuse dans l’extériorité aride; elle assume, sous le rapport envisagé, une fonction sacramentelle ou quasiment divine.
Schuon, Logique et Transcendance, 1982, p. 215
Sommaire
La feminité
- La femme manifeste la beauté en soi
- La femme est image divine comme l’homme
- La féminité évoque l’«Esprit qui vivifie»
L’éternel féminin
- Sa noblesse est pour l’homme comme une révélation
- L’«éternel féminin» représente la Bonté divine
- Le secret qui entoure la femme: une intention de sacralisation
Ève et Marie
- Le symbolisme béatifique de la femme
- La scission entre le démiurge mâle et le démiurge femelle
- La clef du mystère de la salvation par la femme
- Le sage est vaincu par la femme
L’homme et la femme
- Tout amour est une recherche de l’Essence ou du Paradis perdu
- La femme vivifie l’homme
- Un phénomène compensatoire de la fin des temps
Le corps féminin
- Le corps féminin est parfait
- Message de verticalité en mode doux, immanent
- La poitrine de la femme: rayonnement de générosité
- Le corps féminin: un ressouvenir du Nirvâna
Le féminisme
- On croit souvent que la femme n’est capable d’objectivité…
- Le féminisme est l’abolition de l’«éternel féminin»
La femme manifeste la beauté en soi
La femme manifeste la beauté en soi, si bien qu’il n’y a pas de beauté supérieure à la sienne, quand la contingence ne l’a pas séparée de son prototype; aussi peut-on discerner dans la beauté en soi des traits de féminité, de perfection passive, de pureté virginale, de générosité maternelle; de bonté et d’amour (…) La beauté a quelque chose d’apaisant et de dilatant, de consolant et de libérant, parce qu’elle communique une substance de vérité, d’évidence et de certitude, et qu’elle le fait en mode concret et existentiel; elle est ainsi comme un miroir de notre essence transpersonnelle et éternellement bienheureuse.
Le jeu des masques, 1992,
«En face de la contingence», p. 68.
La femme est image divine comme l’homme
La théologie chrétienne, en s’occupant du péché et en voyant en Ève en particulier et dans la femme en général la séductrice, a été amené à évaluer le sexe féminin avec un maximum de pessimisme: selon certains, c’est l’homme seul et non la femme qui a été fait à l’image de Dieu, alors que la Bible affirme, non seulement que Dieu créa l’homme à son image, mais aussi «qu’il les créa mâle et femelle», ce qui a été mésinterprété avec beaucoup d’ingénuité (…) Une première preuve — s’il en était besoin — que la femme est image divine comme l’homme, est en fait qu’elle est un être humain comme lui; elle n’est pas vir ou andros, mais elle est comme celui-ci homo ou anthropos; sa forme est humaine et par conséquent divine. Une autre preuve — mais un coup d’oeil devrait suffire — est dans le fait que la femme assume, vis-à-vis de l’homme et sur le plan érotique, une fonction quasi divine, — semblable à celle qu’assume l’homme vis-à-vis de la femme, — ce qui ne serait pas possible si elle n’incarnait pas, non la qualité d’absolu sans doute, mais la qualité complémentaire d’infinitude; l’Infini étant en quelque sorte la shakti de l’Absolu.
L’ésotérisme comme principe et comme voie, 1978,
«Le problème de la sexualité», p. 131.
La féminité évoque l’«Esprit qui vivifie»
[Dans le shaktisme hindou ] la féminité est ce qui dépasse le formel, le fini, l’extérieur; elle est synonyme d’indétermination, d’illimitation, de mystère, et elle évoque ainsi l’«Esprit qui vivifie» par rapport à la «lettre qui tue». C’est dire que la féminité au sens supérieur comporte une puissance solvante, intériorisante, libératrice: elle libère des durcissements stériles, de l’extériorité dispersante et des formes limitatives et comprimantes. D’une part, on peut oppposer la sentimentalité féminine à la rationalité masculine — en moyenne et sans oublier la relativité des choses —, mais d’autre part, on oppose également au raisonnement des hommes l’intuition des femmes; or c’est ce don d’intuition, chez les femmes supérieures surtout, qui explique et justifie en grande partie la promotion mystique de l’élément féminin; c’est pas conséquent aussi en ce sens que la Haqîqah, la Connaissance ésotérique, peut apparaître comme féminine.
Racines de la condition humaine, 1990,
«Mahâshakti», p. 67
Sa noblesse est pour l’homme comme une révélation
La femme assume, vis-à-vis de l’homme, un aspect de Divinité: sa noblesse, faite de beauté et de vertu, est pour l’homme comme une révélation de sa propre essence infinie, donc de ce qu’il «veut être» parce qu’il «l’est».
Castes et races, 1957,
«Le sens des castes», p.33.
L’«éternel féminin» représente la Bonté divine
… la femme est la Beauté, ou la vision attractive et libératrice de Dieu dans les formes qui le manifestent, ou qui manifestent sa rayonnante Bonté; l’«éternel féminin» représente aussi cette Bonté même, en tant qu’elle pardonne, accueille et unifie, en nous libérant des durcissements formels et autres…
L’ésotérisme comme principe et comme voie, 1978,
«Comprendre l’ésotérisme», p. 42, note 33
Le secret qui entoure la femme: une intention de sacralisation
Toute religion intègre nécessairement l’élément féminin — l’«éternel féminin» (das Ewig Weibliche) si l’on veut — dans son système, d’une manière soit directe, soit indirecte; le Christianisme divinise pratiquement la Mère du Christ, malgré les réserves exotériques, c’est-à-dire le distinguo entre une «lâtrie» et une «hyperdulie». L’Islam de son côté, et le Prophète en premier lieu, a sacralisé la féminité, sur la base d’une métaphysique de la déiformité; le secret qui entoure la femme, et que symbolise le voile, correspond fondamentalement à une intention de sacralisation. La femme incarne pour le Musulman deux pôles, à part sa fonction simplement biologique et sociale, à savoir l’«extinction» unitive et la «générosité», et ce sont là, au point de vue spirituel, deux façons de vaincre l’esprit profane, fait d’extériorité, de dispersion, d’égoïsme, de durcissement et d’ennui. La noblesse d’âme que procure, ou peut procurer, cette interprétation ou mise en valeur de l’élément féminin, loin de n’être qu’un idéal abstrait, est parfaitement discernable chez les Musulmans représentatifs, c’est-à-dire chez ceux qui se trouvent encore enracinés dans l’Islam authentique.
Approches du phénomène religieux, 1984,
«Le mystère de la Substance prophétique, p. 178.
Le symbolisme béatifique de la femme
Il importe (…) de remarquer que la femme, considérée par le Christianisme comme le support par excellence de la tentation et du péché, est pourtant spiritualisée dans la personne de la sainte Vierge, mère du Verbe dispensateur de la Vie; si Ève, issue d’Adam, symbolise la chute, la sainte Vierge, dont le Christ est issu, symbolisera la victoire sur le serpent.
Dans l’Islam la femme n’est point considérée sous son aspect maléfique, puisqu’elle n’intervient pas dans la chute d’Adam; c’est Iblîs seul qui fait tomber le premier couple et le chasse du Paradis terrestre. Dans la conception de Jannah, le «Jardin» ou le Paradis, la femme est spiritualisée, non en vertu d’une fonction exceptionnelle analogue à celle de la «Corédemptrice», mais simplement en tant qu’instrument d’amour, sous la forme des Hûris, «Celles aux yeux de gazelle»; du reste l’iconographie chrétienne traditionnelle représente presque toujours les anges sous des traits féminins. Il serait facile de citer d’autres exemples, de nature très diverse, du symbolisme béatifique de la femme, entre autres: Sîtâ et Râdhâ; la déesse Kâlî dans la bhakti de Shrî Râmakrishna; les femmes de David, Salomon, Mohammed; les dames des chevaliers, telle que Béatrice dans la vie et l’oeuvre de Dante.
L’Oeil du coeur, 1974,
«Transgression et purification», p. 126, note 1.
La scission entre le démiurge mâle et le démiurge femelle
Sans doute l’explication profonde des mythes de la femme «pécheresse», prisonnière «des puissances chtoniennes», «ravie» par un démon, «engloutie» par la terre, devenue «infernale», — Ève, Eurydice, Sîtâ, Izanami, suivant le cas, — sans doute cette explication se trouve-t-elle dans la scission entre le démiurge mâle et le démiurge femelle, ou entre le centre et la périphérie du cosmos; cette périphérie étant envisagée alors, non comme la substance cosmique en soi, laquelle reste vierge par rapport à ses productions, mais comme l’ensemble de ces dernières; car ce sont les accidents, non la substance, qui comportent le «mal» sous toutes ses formes. Mais outre que la substance reste vierge tout en étant mère, elle se rachète sur le plan même de son extériorisation, et cela, par ses contenus positifs, en principe sacramentels et salvateurs; symboliquement parlant, si la «femme» s’est perdue en choisissant la «matière» ou le «monde», elle s’est rachetée — et se rachète — en donnant naissance à l’Avatâra (…) C’est-à-dire que l’élément féminin — la Substance — est par définition un miroir de l’Essence, en dépit de sa fonction extériorisante et éloignante; du reste, un miroir est forcément séparé de ce qu’il reflète, et c’est là son ambiguïté.
Résumé de métaphysique intégrale, 1985,
«La création comme qualité divine», p. 29-30.
La clef du mystère de la salvation par la femme
(…) On pourra faire valoir autant qu’on voudra que le péché d’Ève fut d’appeler Adam à l’aventure de l’extériorité, on ne peut oublier que la fonction de Marie fut inverse et que cette fonction elle aussi entre dans la possibilité de l’esprit féminin. Toutefois, la mission spirituelle de la femme ne se combinera jamais avec une révolte contre l’homme (…)
Prétendre que la femme sainte est devenue un homme du fait de sa sainteté, revient à la présenter comme un être dénaturé: en réalité la femme sainte ne peut être telle que sur la base de sa parfaite féminité, sans quoi Dieu se serait trompé en créant la femme, — quod absit, — alors que selon la Genèse elle fut dans l’intention de Dieu «une aide semblable à l’homme»; donc, premièrement une «aide», non un obstacle, et deuxièmement une créature «semblable», non-infra-humaine; pour être agréée de Dieu, elle n’a pas à cesser d’être ce qu’elle est. [1]
[1] Ave gratia plena, dit l’ange à Marie. «Pleine de grâce»: ce qui tranche la question, étant donné que Marie est une femme. L’ange ne dit pas ave Maria, car pour lui gratia plena est le nom qu’il donne à la Vierge; ce qui revient à dire que Maria est synonyme de gratia plena.
La clef du mystère de la salvation par la femme, ou par la féminité si l’on préfère, est dans la nature même de Mâyâ: si la Mâyâ peut attirer vers le dehors, elle peut attirer également vers le dedans. Ève est la Vie, et c’est la Mâyâ manifestante; Marie est la Grâce, et c’est la Mâyâ réintégrante. Ève personnifie le démiurge, sous son aspect de féminité; Marie est la personnification de la Shekhinah, de la Présence à la fois virginale et maternelle. La Vie, étant amorale, peut être immorale; la Grâce, étant pure substance, peut résorber tous les accidents.
Ésotérisme comme principe et comme voie, 1978,
«Le problème de la sexualité», pp. 138-139.
Le sage est vaincu par la femme
(…) Rûmi estime, avec finesse et profondeur et non sans humour, que le sage est vaincu par la femme tandis que le sot la vainc: car celui-ci est abruti par sa passion et il ignore la barakah de l’amour et les sentiments délicats, tandis que le sage voit dans la femme aimable un rayon de Dieu, et dans le corps féminin une image de la Puissance créatrice.
Le soufisme, voile et quintessence, p. 62, note 19.
Tout amour est une recherche de l’Essence ou du Paradis perdu
Fondamentalement, tout amour est une recherche de l’Essence ou du Paradis perdu: la mélancolie douce ou puissante qui intervient souvent dans l’érotisme poétique ou musical témoigne de cette nostalgie d’un Paradis lointain, et sans doute aussi de l’évanescence des rêves terrestres, dont la douceur, précisément, est celle d’un Paradis que nous ne percevons plus, ou que nous ne percevons pas encore.
Ésotérisme comme principe et comme voie, 1978,
«Le problème de la sexualité», pp. 134.
La femme vivifie l’homme
L’homme stabilise la femme; la femme vivifie l’homme: en outre et de toute évidence, l’homme porte en lui-même la femme, et inversement, étant donné qu’ils sont tous deux homo sapiens, homme tout court ; et si nous définissons l’être humain comme pontifex, il va de soi que cette fonction englobe la femme (…)
L’homme sous son aspect lunaire et réceptif «dépérit» sans la femme-soleil, qui infuse au génie viril la vie dont il a besoin pour s’épanouir; inversement l’homme-soleil confère à la femme la lumière qui permet à celle-ci de réaliser son identité en prolongeant la fonction du soleil.
Ésotérisme comme principe et comme voie, 1978,
«Le problème de la sexualité», pp. 134-135
Un phénomène compensatoire de la fin des temps
Il est trop évident que les opinions modernes sur la femme, dues à l’égalitarisme général, puis à une certaine féminisation — purement négative — de l’homme en même temps qu’à une virilisation artificielle de la femme, sont ici nulles et non avenues. Mais il faut tenir compte d’un phénomène compensatoire de la fin des temps, et c’est le fait que la piété ou les dons spirituels se rencontrent plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes.
Forme et substance dans les religions, 1975,
«Note sur l’élément féminin dans le Mahâyâna», p. 132, note 7.
Le corps féminin est parfait
… le corps féminin est beaucoup trop parfait et spirituellement trop éloquent pour pouvoir n’être qu’une sorte d’accident transitoire…
Du Divin à l’humain, 1981,
«Le message du corps humain», p.95.
Message de verticalité en mode doux, immanent
… le message des deux corps humains, le masculin et le féminin: message de verticalité ascendante et unitive dans les deux cas, certes, mais en mode rigoureux, transcendant, objectif, abstrait, rationnel et mathématique dans le premier cas, et en mode doux, immanent, concret, émotionnel et musical dans le second…
Du Divin à l’humain, 1981,
«Le message du corps humain», p. 103.
La poitrine de la femme: rayonnement de générosité
Un des caractères les plus saillants du corps humain est la poitrine, qui est un symbole solaire, avec une accentuation différente suivant le sexe: rayonnement noble et glorieux dans les deux cas, mais manifestant la puissance dans le premier cas et la générosité dans le second; la puissance et la générosité de l’Être pur. Le coeur est le centre de l’homme et la poitrine est pour ainsi dire le visage du coeur et comme le coeur-intellect comporte à la fois la Connaissance et l’Amour, il est plausible que dans le corps humain cette polarisation se manifeste par la complémentarité des poitrines masculine et féminine.
Du Divin à l’humain, 1981,
«Le message du corps humain», p.99.
Le corps féminin: un ressouvenir du Nirvâna
La féminité en tant qu’elle séduit et enchaîne, a cet aspect justement parce qu’elle offre, en elle-même et dans l’intention du Créateur, une image de la Félicité libératrice; or un reflet est toujours «quelque chose» de ce qu’il reflète, ce qui revient à dire qu’il «est» cette réalité sous un mode indirect et sur le plan de la contingence. C’est ce qu’ont saisi les Bouddhistes dans le cadre de l’ésotérisme mahâyânique — Tibétains et Mongols avant tout —, et c’est ce qui leur a permis d’introduire dans leurs sanctuaires des Târas e des Dâkinis nues en bronze doré; la théophanie corporelle de type féminin étant censée actualiser chez le fidèle le ressouvenir de la dimension miséricordieuse et béatifique de la Bodhi et du Nirvâna.
Du Divin à l’humain, 1981,
«Le message du corps humain», p.103.
On croit souvent que la femme n’est capable d’objectivité…
On croit trop souvent que la femme n’est capable d’objectivité, et partant de logique désintéressée, qu’au prix de sa féminité [1], ce qui est radicalement faux; la femme doit réaliser, non les traits spécifiquement masculins bien entendu, mais les qualités normativement et primordialement humaines, lesquelles s’imposent à tout être humain; et ceci est indépendamment de la psychologie féminine en soi [2].
[1] Les féministes — des deux sexes — eux-mêmes en sont persuadés, du moins implicitement et en pratique, sans quoi ils n’aspireraient pas à la virilisation de la femme.
[2] La psychologie féminine légitime résulte, d’une part, du prototype principiel de la femme — de la Substance universelle — et, d’autre part, des fonctions biologiques, morales et sociales qu’elle personnifie; ce qui implique le droit à des limitations, à des faiblesses si l’on veut, mais non à des défauts. L’être humain est une chose, et le mâle en est une autre; et c’est grand dommage que les deux choses ont souvent été confondues même dans les langues qui — comme le grec, le latin et l’allemand — font la distinction.
Avoir un centre, 1988,
«Avoir un centre», p.18.
Le féminisme est l’abolition de l’«éternel féminin»
Le féminisme, loin de pouvoir conférer à la femme des «droits» inexistants parce que contraires à la nature des choses, ne peut que lui enlever sa dignité spécifique; c’est l’abolition de l’«éternel féminin», de la gloire que la femme tient de son prototype céleste. Au demeurant, la révolte contre l’homme, comme le culte de la jeunesse ou le mépris de l’intelligence, est indirectement une révolte contre Dieu.
Sentiers de gnose, 1987,
«Vicissitudes des tempéraments spirituels», p. 60, note.
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