Sentiers de Gnose, de Frithjof Schuon. Première édition: La Colombe, 1957.
“L’une des principales raisons de l’incompréhension mutuelle qui se dresse, telle une cloison étanche, entre les religions, nous paraît être le fait que le sentiment d’absolu se situe dans chaque cas sur un plan différent, en sorte que les points de comparaison sont le plus souvent illusoires.” (p. 9)
“Voir Dieu partout”…”comment” les choses symbolisent-elles Dieu ou les “aspects divins”? On ne peut dire que Dieu est cet arbre, ni que cet arbre est Dieu, mais on peut dire que l’arbre, sous certain rapport, n’est pas “autre que Dieu”, ou que, n’étant pas inexistant, il ne peut pas n’être Dieu en aucune façon. Car l’arbre a l’existence, puis la vie qui le distingue des minéraux, puis ses qualités particulières qui le distinguent d’autres plantes, et enfin son symbolisme, autant de façons pour l’arbre, non seulement de ne pas “être le néant”, mais aussi d’affirmer Dieu sous tel ou tel rapport : la vie, la création, la majesté, l’immutabilité axiale, ou la générosité.” (p. 126)
La synthèse de cet ouvrage coïncide avec la définition de la Gnose qui est la connaissance purement intellective, donc supra-rationnelle, dont les expressions à travers l’histoire constituent la Philosophia Perennis, et qui, véritable “science sacrée” permet seule de dégager la réalité spirituelle sous-jacente de tous les symboles de vérité, qu’il s’agisse de religions ou de doctrines sapientielles.
La Gnose, c’est la perspective ou le langage du divin Soi, de l’Intellect universel, dont la lumière permet tous les discernements et toutes les synthèses conformes à la nature des choses. Et le Christianisme, dont l’aspect sapientiel a été trop longtemps négligé, n’est pas autre chose, dans sa structure métaphysique, qu’une telle perspective ou un tel langage.
Chapitres de Sentiers de Gnose
I. Controverses
- Le sentiment d’absolu dans les religions
- Diversité de la révélation
- Y-a-t-il une mystique naturelle ?
- Vicissitudes des tempéraments spirituels
- À propos de la doctrine de l’illusion
II. Gnose
- La gnose, langage du Soi
- L’aspect ternaire du microcosme humain
- Amour de Dieu, conscience du Réel
- Voir Dieu partout
III. Christianisme
- Quelques aperçus
- Mystères christiques et virginaux
- De la croix
Liste des principaux thèmes abordés dans chaque chapitre
I. Controverses
Le sentiment d’absolu dans les religions
- De l’une des principales raisons de l’incompréhension mutuelle entre les religions
- Des nombreux problèmes provenant, aujourd’hui, de l’interpénétration des civilisations
- Premier exemple de difficultés : la divinité du Christ
- C’est un problème pour les musulmans, et aussi pour les Juifs
- Avatâras pléniers et Avatâras partiels dans l’hindouisme
- Caractère respectif des conversions chrétienne et islamique
- Passage d’une tradition asiatique à une autre et changement de religion dans les trois traditions sémitiques
- Les différences religieuses se reflètent très nettement dans les différents arts sacrés
- Choix volitif et choix intellectif dans toute religion
- Différence entre la barakah chrétienne et la barakah islamique
- Question de l’historicité des grands phénomènes religieux
- Une base historique est-elle “moins valable” qu’une base mythologique?
- L’histoire fournit les preuves de la validité des moyens de grâce
- Mais il existe une vérité plus “réelle” que celle des faits
- Des trois degrés d’historicité : mythologie, histoire mitigée, histoire exacte
- L’objet de la foi prime-t-il la foi elle-même, ou la foi prime-t-elle son objet?
- Un mot sur la gnose ou “Philosophia Perennis“, trait d’union entre les religions
Diversité de la révélation
- Du moment qu’il n’y a qu’une seule Vérité, ne doit-on pas conclure qu’il n’y a qu’une seule Révélation, une seule Tradition possible ?
- Vérité et Révélation ne sont pas des termes absolument équivalents
- Raison pour laquelle les Révélations s’excluent
- Double aspect du langage des Écritures sacrées
- Il existe sur terre des races diverses, des langues diverses, pourquoi pas des religions diverses ?
Y-a-t-il une mystique naturelle?
- Définition de la notion de “mystique naturelle”
- Objection à cette notion
- Naturel et surnaturel
- Fausse mystique
- Analyse des confusions qu’entraîne le postulat de “mystique naturelle”
- Autre exemple d’illusion d’optique : la loi du karma, et la prédestination
- De l’argument du miracle
Vicissitudes des tempéraments spirituels
- De la tendance à s’enfermer dans quelque limitation surtout à notre époque
- Différence entre le bhakta et le jnânî
- Parenthèse : ne pas confondre le génie intellectuel avec l’acuité mentale des logiciens
- Pourquoi l’âme de l’intellectif a-t-elle besoin de charité?
- La charité ne doit-elle pas être dépassée dans la gnose?
- Que représente l’égo pour le bhakta?
- Comment se justifie la perspective de “Situer le diable dans l’égo et Dieu dans le prochain”
- La question de l’ “altruisme” : parenthèse sur l’humanitarisme laïc et antitraditionnel
- Des dangers de l’influence moderne pour la bhakti non-doctrinale et “pratique”
- Du besoin d’orthodoxie de la bhakti
- Ce qu’oublie le “spiritualisme” moderne de l’Inde
- Il y a cependant des exceptions à cause des conditions exceptionnelles de notre époque
- Critique chrétienne des “moyens” asiatiques de salut
- Pour comprendre certaines erreurs du néo-bhaktisme en général
À propos de la doctrine de l’illusion
- La doctrine de l’illusion n’est pas une solution de facilité
- D’une faiblesse rencontrée dans le jnâna opératif
- Est-ce le mental qui crée le monde objectif ?
- Différence éminente entre l’état de veille et l’état de rêve
- La grande question ici : qui est le sujet ?
- Qu’est-ce que le mal, alors ?
- La question de l’ “origine” de l’illusion
II. Gnose
La gnose, langage du Soi
- Des diverses manières d’exprimer la différence entre la gnose et l’amour
- Nature de la pure intellection
- Fins dernières des grandes vertus évangéliques
- Il y a des questions auxquelles il faut répondre à la fois par un “oui” et par un “non”
- “Incarnation” et “descente” ou “révélation”
- Dieu est Lumière avant d’être Chaleur
- Qu’est-ce que le vrai philosophe, pour Platon et Socrate?
- Distinction entre pensée rationnelle et pensée intellective
- La gnose est centrée sur ce qui est et non sur ce qui devrait être
- De la sérénité
- Du “souvenir de Dieu”, ce noyau lumineux au centre du courant des formes
- De l’existence en soi
- Le principe d’objectivation, cause d’illusion
- La gnose est notre participation à la “perspective” du Sujet divin
- Sat, Chit, Ananda
L’aspect ternaire du microcosme humain
- Le corps, le cerveau et le coeur
- Rapport entre chaque plan
- Intellect et mental
- Intellect comme coeur
- En regardant l’homme de l’extérieur, on peut distinguer deux ensembles formels, le corps et la tête, le troisième élément est caché et c’est le coeur
- De l’image du Bouddha comme modèle de la position yoguique fondamentale
- Soi-Esprit-Monde et le ternaire “coeur-cerveau-corps”
Amour de Dieu, conscience du Réel
- Avant de pouvoir aimer, il faut “être conscient”
- Aspect impersonnel de l’amour dans le cadre de la gnose
- Tous les hommes ont besoin, à un degré quelconque, de comprendre et d’aimer
- Mais chez certains, l’élément “vérité” prime l’élément “vie”
- Le terme “amour” évoque attraction sexuelle, affection familiale mais aussi l’idée d’ “union”
- De la transparence métaphysique des phénomènes
- Des deux visages de la conscience du Réel
- Qu’est-ce qu’avoir conscience du Soi ?
Voir Dieu partout
- Il y a là bien des degrés
- Du “miracle” de l’existence
- Des qualités des phénomènes
- Voir Dieu en ses dons, et en avoir de la gratitude
- Dire “exister”, c’est dire avoir des qualités, mais aussi des limites
- Les limitations expriment l’irréalité métaphysique des choses
- Du symbolisme : là aussi il y a des degrés à distinguer
- Définition de la science symboliste
- Comment les choses symbolisent-elles Dieu ou les “aspects divins” ?
- Exemple de l’arbre
- Symbolisme et perception de l’Unité
- Autres modes permettant de “voir Dieu”: espace, temps, forme, nombre, substance
- “Voir Dieu partout”, c’est se voir Soi-même (Atmâ) en toute chose
- Quel sens donner à la doctrine dogmatique de l’âme chez les Monothéistes, d’après laquelle l’âme serait sans fin tout en ayant eu un commencement ?
- La faculté de voir Dieu en tout : une grâce
- De l’obligation de “devenir ce que nous sommes”
- Qu’est-ce que le monde ?
- Nous sommes condamnés à l’éternité
III. Christianisme
Quelques aperçus
- Le Christ, “Lumière du monde”, Intellect universel, “Sagesse du Père”
- La gnose chrétienne est la métaphysique trinitaire
- Les trois images de l’art chrétien : la Vierge et l’Enfant, le Crucifix, la sainte Face
- Art et liturgie
- L’Église de Pierre et l’Église de Jean
- De la confirmation et de la descente du Saint-Esprit
- Du Pain et du Vin
- De l’Eucharistie
- Des deux commandements suprêmes
- De la Légende dorée et du souvenir de Dieu
- Dieu est Amour, comme Il est Lumière
- Pourquoi l’insistance sur la vertu d’humilité en milieu chrétien?
- De l’humilité comme “mort spirituelle”
- Affirmation très nette de la perspective volitive dans l’histoire de la Bible
- Pourquoi les chrétiens n’ont-ils pas pu se passer de la sagesse platonicienne?
- De la “pieuse fraude” par charité
- Volonté et liberté chez Saint Thomas
- Que signifie la morale de la joue gauche tendue?
- Que symbolise la non-violence préconisée dans l’Évangile?
Mystères christiques et virginaux
- Dieu est devenu homme (Incarnation), afin que l’homme devienne Dieu (Rédemption).
- Des deux aspects du mystère de l’Incarnation : le Christ et la Vierge-Mère
- Qu’entendons-nous par mystère?
- Ave Maria gratia plena
- Explication de chacun des mots de l’Ave Maria
- Quelles sont les perfections virginales?
- De la nature du Christ
- De l’oraison dominicale
De la croix
- Le Christ assume, avec la croix, le mal de l’existence
- Des deux aspects de l’existence : l’arbre et la croix
- Morales sociales et mystique du Christ
- La justice y a pourtant sa place
- Que signifie “Porter sa croix”?
- Le mystère de l’abandon, au centre de la croix