De l’Unité transcendante des Religions, de Frithjof Schuon. Première édition: Gallimard, 1948. (Image: édition de 1968)


Les religions sont comme des lanternes au verre coloré ; or une lanterne illumine un lieu obscur parce qu’elle est lumineuse et non parce qu’elle est rouge ou bleue ou jaune ou verte. D’une part, la couleur transmet la lumière, mais d’autre part elle la falsifie ; s’il est vrai que sans telle lanterne colorée on ne verrait rien, il est tout aussi vrai que la visibilité ne s’identifie à aucune couleur. C’est ce dont tout ésotérisme, par définition, devrait avoir conscience, du moins en principe et dans la mesure où sa connaissance des faits le lui permet.

Christianisme/Islam, Visions d’Oecuménisme ésotérique, p.108

Ce passage nous semble être la meilleure introduction au premier grand ouvrage de Frithjof Schuon, De l’Unité transcendante des Religions. Il ne s’agit en aucun cas pour l’auteur de créer une super-religion, aussi redit-il souvent que “l’unité des Religions n’est pas réalisable sur le plan des formes et ne doit pas être réalisée”. La Sophia Perennis ou Religio Perennis n’est donc pas une religion formelle. Lorsque l’auteur dit unité “transcendante”, cela signifie que “cette unité doit être réalisée d’une façon purement intérieure et spirituelle”. Certains groupes néo-spiritualistes voudraient créer une Religion universelle au nom de cette “unité transcendante des religions”. Il n’en a jamais été question chez Frithjof Schuon.

Ce livre tient une place capitale dans l’oeuvre de Frithjof Schuon, en ce sens qu’il en est un des tout premiers et qu’il expose principalement ce qu’est l’ésotérisme pur par rapport aux religions exotériques. Il est aussi le livre à lire sans doute en premier parce qu’il présente un certain nombre de remarques capitales sur les différences entre l’ésotérisme et l’exotérisme qui sont nécessaires pour la compréhension d’autres livres publiés ultérieurement.

Il est clair que l’auteur a une compréhension tout-à-fait exceptionnelle des religions du monde, compréhension qui n’a jamais été exprimée auparavant avec autant de précision et d’ampleur ; et si le lecteur a la possibilité de percevoir comment cette compréhension découle rigoureusement de principes de métaphysique pure, il lui devient impossible d’admettre sans nuances qu’il n’y a qu’une seule religion vraie dans toute l’histoire de notre humanité ; cela lui permettra aussi de comprendre en profondeur toutes les Religions orthodoxes.


Chapitres de De l’Unité transcendante des Religions

  • Préface
  • Des dimensions conceptuelles
  • Limitation de l’exotérisme
  • Transcendance et universalité de l’ésotérisme
  • La question des formes d’art
  • Des limites de l’expansion religieuse
  • L’aspect ternaire du monothéisme
  • Christianisme et Islam
  • Nature particulière et universalité de la tradition chrétienne
  • De l’initiation christique.

Liste des principaux thèmes abordés dans chaque chapitre

Préface

  • Distinction entre philosophie et métaphysique
  • Définition de ce qu’est la métaphysique intégrale
  • La connaissance intégrale va au delà du raisonnement mais aussi de la foi au sens ordinaire du terme
  • La religion traduit les vérités métaphysiques en langage dogmatique
  • Le mode rationel n’atteint à lui seul aucune vérité transcendante
  • Exemple tiré de l’idée de Dieu vu par la raison, la religion et la métaphysique
  • Les vérités transcendantes n’appartiennent à aucune école ni à aucun individu
  • De la notion psychologique du “génie” dans la pensée moderne
  • L’unité des Religions n’est pas réalisable sur le plan des formes et ne doit pas être réalisée
  • Si nous disons unité “transcendante” cela signifie que cette unité doit être réalisée d’une façon purement intérieure et spirituelle.

Des dimensions conceptuelles

  • Le premier assentiment de l’intelligence envers une vérité ne constitue pas une compréhension intégrale
  • C’est ce qu’ignore systématiquement la philosophie moderne
  • Du dogmatisme
  • Doctrine spéculative et dogmatisme.

Limitation de l’exotérisme

  • Définition du point de vue exotérique = l’intérêt individuel le plus élevé
  • Caractère parfaitement légitime de la limitation “extérieure” du dogme
  • Nature providentielle de l’aspect exotérique d’une tradition
  • Rôle du noyau ésotérique dans une civilisation à caractère spécifiquement religieux
  • La métaphysique est-elle nécessaire au salut?
  • Le salut, se méritant par l’action, en amène certains à déprécier l’intelligence
  • La voie ésotérique ne saurait nullement être l’objet d’un choix pour ceux qui la suivent
  • Encore plus absurde de parler d’un “désir” de la Réalité divine
  • La doctrine exotérique comme telle ne possède nullement la certitude absolue
  • L’exigence absolue de croire en telle religion et non pas en telle autre ne peut tenter de se justifier que par des moyens éminemment relatifs
  • Il y a cependant des preuves irréfutables de la vérité d’une tradition
  • De l’impossibilité métaphysique qu’une forme ait une valeur unique à l’exclusion d’autres formes
  • Il n’existe pas de “fait” unique : seule l’Unicité est unique
  • Même idée présentée avec des arguments de nature plus cosmologique
  • Même chose pour les moyens de grâce, tels que les sacrements
  • Pourquoi de grands Prophètes ont-ils nié la validité d’autres religions?
  • De l’incompatibilité relative des formes traditionnelles
  • Une forme traditionnelle est faite pour une collectivité humaine déterminée
  • Dans l’état normal de l’humanité, celle-ci se compose de plusieurs mondes distincts
  • Depuis l’expansion des Occidentaux sur le reste du monde, l’incompréhension exotérique cesse d’être indifférente
  • Des rapports entre l’exotérisme et l’ésotérisme, entre la “forme” et l’ “esprit”
  • Illustration de cette idée par une longue citation du Traité de l’Unité d’Ibn Arabî.

Transcendance et universalité de l’ésotérisme

  • De quelques éclaircissements sur les modes les plus extérieurs de l’ésotérisme
  • Des Pythagoriciens et des organisations initiatiques
  • De la question de l’universalité traditionnelle, soumise à toutes sortes de contingences historiques et géographiques
  • Le fait que Saint Bernard ait prêché les croisades ne diminue en rien sa connaissance ésotérique
  • Quelles sont les principales vérités que l’exotérisme doit ignorer, sans toutefois les nier expressément?
  • La doctrine de la gradation de la Réalité universelle
  • De la question du panthéisme
  • De l’Impersonnalité divine ou plutôt de la Non-Personnalité
  • De la distinction entre l’Essence infinie et impersonnelle et la Personne divine
  • Exemple tiré des Écritures pour rendre cette idée plus compréhensible : David et Salomon
  • La perspective des doctrines ésotériques et leur façons d’envisager le problème du “mal”
  • Conséquences pour l’initié d’une conception “non-morale” mais non immorale du “mal”
  • Il ne s’agit nullement de déprécier la morale qui est une institution divine
  • “Morale, action, mérite, grâce” = Exotérisme ; “Symbolisme, concentration, connaissance, identité” = Ésotérisme
  • Définition de chacun de ces termes
  • Du “problème” de l’existence du mal et la réponse ésotérique
  • Du problème de la prédestination
  • Rapport métaphysique entre la prédestination et la liberté
  • L’organe de la Connaissance métaphysique est lui-même d’ordre universel
  • De la différence profonde entre la voie métaphysique et la voie religieuse
  • De la négation exotérique de la présence, virtuelle ou actualisée, de l’Intellect incréé dans l’être créé
  • De la sainteté de la Connaissance : Longue citation du fameux passage du Livre de la Sagesse, VII, 22-30.

La question des formes d’art

  • Cette question est fort loin d’être négligeable
  • La forme sensible est ce qui correspond symboliquement et le plus directement à l’Intellect
  • De la qualité intellectuelle des formes
  • Plus on remonte aux origines d’une tradition, moins ces formes artistiques apparaissent à l’état d’épanouissement
  • Cette analogie entre formes et intellections permet de comprendre les initiations artisanales
  • La “Beauté” de Dieu correspond à quelque chose de plus profond que sa “Bonté”.
  • Pourquoi les peuples orientaux manquent-ils de discernement esthétique à l’égard de ce qui vient de l’Occident?
  • Pour mieux saisir les causes de la déchéance de l’art en Occident
  • Idéalisme et réalisme en art
  • Principes de l’art traditionnel
  • Des règles à suivre dictées par des lois cosmiques et divines
  • De la Vierge byzantine
  • Est-ce que l’art sacré n’est destiné qu’à une élite intellectuelle?
  • Les Pères du VIIIè siècle et les autorités religieuses de la Renaissance
  • Des erreurs du naturalisme.

Des limites de l’expansion religieuse

  • À propos de jugements contradictoires sur le Christ
  • Quel est le “monde” dont le Christ est le “soleil” dans le Nouveau Testament?
  • Décadence orientale, déchéance occidentale, Orient et Occident
  • De la question des missionnaires
  • Du sens limité du sens “littéral” d’une Écriture
  • Une telle limitation géographique du Christianisme au monde romain n’est pas particulière à celui-là
  • De la pénétration de l’Islam sur le sol de l’Inde : est-ce un empiètement traditionnellement illégitime?
  • Raison profonde de la présence de l’Islam en Inde
  • Des “shûdras” et de la “possibilité brahmanique” en eux
  • De la dualité de sens inhérente aux injonctions divines concernant les choses humaines
  • Du principe de délimitation traditionnelle, exemples du Christianisme et de l’Islam.

L’aspect ternaire du monothéisme

  • Rapports réciproques des trois grandes traditions dites “monothéistes”
  • Application du même principe à l’intérieur du Christianisme et de ses trois “schismes”
  • De la question de l’homogénéité spirituelle et cyclique des religions dans son ensemble
  • Du monothéisme judaïque, chrétien et musulman
  • De l’abolition du Mosaïsme par le Christ
  • De la place de l’Islam et de l’équilibre des deux aspects divins de Rigueur et de Clémence
  • Toute tradition est forcément une adaptation, et qui dit adaptation, dit limitation.

Christianisme et Islam

  • Qu’est-ce qu’un point de vue en lui-même?
  • Qu’est-ce qu’un point de vue spirituel ou traditionnel?
  • Impossible pour l’Occident de se défaire de son hérédité chrétienne
  • De la manière correcte de prendre en considération une tradition
  • Du terme “mahométan” appliqué aux musulmans
  • De l’importance donnée par l’Islam à l’idée de l’Unité
  • Des musulmans qui reprochent aux chrétiens de ne pas posséder un livre équivalent au Koran
  • L’Islam est un bloc spirituel, religieux et social ; le christianisme est un centre, et non pas un bloc
  • Il faut éviter de juger les formes religieuses sur la base de comparaisons superficielles et arbitraires
  • Le Prophète et le Christ
  • Des guerres en Islam
  • La seule question qui ait à se poser : Mohammed était-il ou non inspiré de Dieu?
  • Si Mohammed avait été un faux prophète…
  • De la façon dont l’Islam envisage la sexualité
  • En quoi consiste en réalité la différence entre les manifestations christique et mohammédienne?
  • Koran et Christ-Eucharistie
  • La Vierge et le Prophète, incarnations de Prakriti
  • Situation centrale du Prophète en Islam
  • “Qui m’a vu, a vu Dieu”.

Nature particulière et universalité de la tradition chrétienne

  • L’éxotérisme chrétien n’est pas strictement analogue aux exotérismes judaïque et musulman
  • Du rapport entre la Nouvelle et l’Ancienne Alliance
  • De la divergence christiano-musulmane au sujet de la mort du Christ
  • Le caractère essentiellement initiatique du Christianisme toujours reconnaissable à certains indices
  • “Fils de Dieu”, “Mère de Dieu”
  • De la qualification de “mystères” des dogmes chrétiens
  • “Et la Lumière a lui dans les ténèbres…”
  • De la raison suffisante, du côté humain, de telle manifestation divine
  • Le Christianisme, mise à nu de l’esprit caché dans la lettre, mais le Christ “ne leur disait rien sans paraboles”
  • Le seul moyen possible d’opérer le redressement spirituel dont le monde occidental avait besoin
  • Preuves de l’existence d’un ésotérisme chrétien, non seulement dans le Nouveau Testament, dans la nature des rites, mais aussi dans les témoignage explicites des anciens auteurs
  • Saint Basile, Denys l’Aréopagite, (Très longue citation d’un passage de Paul Vuilliaud dans Études d’ésotérisme catholique et de F.T.B. Clavel dans Histoire pittoresque de la Franc-Maçonnerie et des Sociétés secrètes anciennes et modernes),
  • Précisions sur l’idée que le Christianisme représente une “voie de Grâce” ou d’Amour
  • Foi et Amour, Foi et Grâce, Foi et Miracle
  • Espérance
  • Charité
  • De l’amour du prochain
  • La Foi s’oppose-t-elle à la Connaissance?

De l’initiation christique

  • De la question de l’initiation christique et de l’hésychiasme
  • Des Templiers
  • Des ordres monastiques qui ne s’expliquent que par l’existence d’une tradition initiatique
  • Du mysticisme bhaktique
  • De l’Hésychiasme
  • De sa méthode de réalisation spirituelle semblable à celle du soufisme et du Yoga
  • Du coeur comme centre principal de la vie spirituelle
  • De la “prière du coeur”
  • De la portée fondamentale et universelle de l’invocation du Nom divin
  • L’invocation du Nom de Jésus fait-elle double emploi avec la Communion?
  • Attitude passive ou active vis-à-vis d’un moyen de grâce sanctifiante ou déifiante
  • Des rapports profonds existant entre le mode eucharistique et le mode incantatoire
  • Du rapport entre l’invocation du Nom divin et la naissance du Christ.