Regards sur les mondes anciens, de Frithjof Schuon. Première édition: Éditions Traditionnelles, 1968. (Image: édition de 1972.)
Ce livre remarquable s’adresse à tous ceux qui veulent avoir de l’histoire de notre humanité une compréhension vraiment ‘scientifique’ — au sens ancien du terme — et en même temps intuitive. Mettant brillamment en application les principes métaphysiques, spirituels et cosmologiques présentés par René Guénon — surtout dans ses deux livres La crise du monde moderne et Le règne de la quantité et les signes des temps — Frithjof Schuon jette un regard profondément intelligent, captivant et bien informé, sur notre vieille humanité.
Le lecteur interessé par l’histoire en général pourra également y trouver son compte s’il arrive à se dégager des idéologies mensongères — aux succès faciles — qui l’empêchent bien souvent d’aller au delà de la surface des faits en le rendant aveugle à tout ce qui constitue vraiment l’essentiel. La science spirituelle est une “science terriblement réelle” et tout-à-fait objective. Elle n’a certes pas pour but de développer de nouvelles techniques permettant de s’enfoncer davantage dans la mondanité et le matérialisme — ou le néospiritualisme qui en est le contre-produit apparenté, — mais son objet concerne tout homme, qu’il le veuille ou non.
Le chapitre “Chute et déchéance” est extrêmement précieux à cet égard, surtout pour ceux qui veulent mettre enfin de l’ordre et de la clarté dans leur évaluation des époques qui nous ont précédées: l’auteur précise ce qu’il faut vraiment entendre par le ‘sens de l’histoire’, et l’on ne sera pas surpris de voir que ce qu’on appelle couramment ‘progrès’ — notion dont on est d’ailleurs fort revenu à notre époque, — correspond assez bien à la ‘chute’ au sens métaphysique, spirituelle et cosmologique du terme.
La liste des principaux thèmes évoqués dans d’autres chapitres — tout aussi profonds, — donnera une idée suffisamment précise de leur contenu. Un chapitre qui mérite une mention plus particulière est celui sur le monachisme, vers la fin du livre, qui redonne vraiment confiance à toute âme contemplative — qu’elle vive dans un monastère ou dans le ‘monde’ — en lui rappelant, avec force et lucidité, la nature profonde et belle de la vocation humaine.
Chapitres de Regards sur les mondes anciens
- Regards sur les mondes anciens
- Chute et déchéance
- Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens
- Chamanisme peau-rouge
- Sur les traces de Mâyâ
- Propos sur la naïveté
- L’homme dans l’univers
- Universalité et actualité du monachisme
- Clefs de la Bible
- Religio Perennis
Liste des principaux thèmes abordés dans chaque chapitre
Regards sur les mondes anciens
- Des deux idées-clef dominant l’existence des peuples anciens, celles de Centre et de l’Origine
- Pour comprendre l’impérialisme des anciennes civilisations
- Le sens de l’impérialisme antique
- De l’idée moderne de la “civilisation”
- Quelques remarques sur la complexité de l’autorité dans la Chrétienté d’Occident
- Des trois origines possibles de l’impérialisme: le Ciel, la terre, l’enfer
- Contre un angélisme chimérique
- L’exclusivement humain, loin de pouvoir se maintenir en équilibre, aboutit toujours à l’infra-humain
- Cosmologie et eschatologie dans les mondes traditionnels
- Fonction du génie ethnique
- Rien ne justifie de nos jours le désir d’un style nouveau en art
- Art roman et art gothique
- Ne pas confondre les civilisations saines et les grands paganismes
- Pourquoi de vieilles religions ont-elles dévié en paganisme?
- Des Babyloniens
- De l’adoucissement des moeurs dans son contexte total
- L’homme collectif reste toujours une sorte de fauve, du moins dans l’âge de fer
- Rôle des religions dans ce contexte
- L’acceptance, dans les temps anciens, des rigueurs de l’existence
- Réduction, de nos jours, du bonheur à l’aisance économique
- Abus fait couramment au sujet de la notion de “charité”
- Au sujet d’une déclaration de Vatican II
- L’ancien chevalier et la véritable noblesse
- Ce que les cours des princes devaient refléter
- De l’ermite
- De la “mondanité” comme une anomalie
- Tout contemplatif vit comme dans une antichambre du Ciel
- Du problème de l’obéissance dans les civilisations normales
- Une société ne représente aucune valeur par elle-même ou par le simple fait de son existence
- Nul monde n’est parfait, mais tout monde humain doit posséder des moyens de perfection
Chute et déchéance
- “Objectivité” de l’homme antique et médiéval
- Du passage de l’objectivisme au subjectivisme à la Renaissance, à la Réforme et à la Révolution
- De la perte des mesures objectives des choses
- Les anciens vivaient encore “dans l’espace”
- La mentalité moderne cherche à tout réduire à des catégories temporelles
- Du résultat fatal de la “réflexivité”
- La science moderne, autre exemple de cette perte de l’équilibre spatial propre aux civilisations contemplatives
- Existence de révélations, de religions, de sagesse, à toutes les époques et dans tous les pays
- Le principe, l’étendue et le développement d’une science ou d’un art est fonction de la Révélation
- La science ne nous renseigne guère sur ce qui se passe dans le temps
- L’exactitude de la science gravement menacé par la psychanalyse
- Pourquoi la science nie-t-elle tout ce qui dépasse le sensible?
- La science moderne a eu pour effet, entre autres, de blesser mortellement la religion
- La science moderne se présente dans le monde comme le principal ou le seul facteur de vérité
- Résultats éblouissants de la science mais les mauvais résultats l’emportent sur les bons
- De la révolte contre le jugement de Dieu
- Ce qu’il y a d’atroce chez ceux qui affirment que “Dieu est mort”
- Qu’est-ce qui explique la mystique du néant et de l’angoisse, de l’action libératrice et de l’engagement?
- Du besoin de faux absolus sur tous les plans
- L’homme moderne se meut dans le monde comme si l’Existence n’était rien ou comme s’il l’avait inventée
- De ce miracle initial – et partout présent – qu’est le fait d’exister
- Quand on confronte le monde moderne avec les civilisations traditionnelles, il s’agit de savoir de quel côté se trouve le moindre mal
- Est-ce qu’une collectivité et le bien-être d’une collectivité représentent une valeur absolue?
- Rôles des civilisations traditionnelles
- Du péché de curiosité d’Adam
- Le problème de la théophanie universelle qu’est le monde
- La Révélation, déchirure de la carapace existentielle
- Quel est le prototype de la chute? Le processus de la manifestation universelle elle-même
- De la théorie du corps humain comme moitié d’une sphère
- Tout le processus cosmogonique se retrouve d’une façon statique dans l’homme
- Pour qui sont le purgatoire et l’enfer?
- L’indifférence, aux antipodes de l’impassibilité spirituelle
- Chez l’homme marqué par la chute, l’action abolit la contemplation
- Des deux pseudo-absolus qui compriment et écartèlent l’homme
- Aspect fragmentaire de l’homme de la chute
- Parenthèse sur la vertu et la grâce
- De l’action pécheresse
- Qu’est-ce que nous appelons péché?
- De la notion de barakah
- Rester dans la sainte enfance
Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens
- Il s’agit d’un faux dialogue, en fait, confrontation de deux monologues
- Profonds malentendus cependant
- Une dispute, à certains égards, entre un chant d’amour et un théorème de mathématique
- Des gnostiques chrétiens
- La gnose selon Saint Paul
- Position des platoniciens
- Contre le préjugé évolutionniste qui veut que la pensée grecque soit “parvenue” à tel niveau ou à tel résultat
- Comparaison entre Pythagore, Platon et Aristote
- Le reproche des modernes aux philosophes anté-socratiques
- Les Sophistes et l’inauguration de l’ère du rationalisme individualiste et à prétention illimitée
- Pour comprendre la réaction chrétienne, il faut tenir compte de tous ces aspects de la pensée grecque
- Les Hellénistes refusent-ils orgueilleusement le Christ?
- Des deux sources de toute certitude
- L’argument chrétien (l’historicité du Christ-Sauveur)/l’argument platonicien (la nature des choses)
- Le Christ des gnostiques est celui qui est “avant qu’Abraham fût”
Chamanisme peau-rouge
- Définition du chamanisme comme traditions d’origine préhistorique propres aux peuplades mongoloïdes
- Du chamanisme des Peaux-Rouges
- Les documents sont nombreux prouvant l’allure spirituelle des Peaux-Rouges
- Il n’y a aucune raison de mettre en doute l’aspect “monothéiste” de la traditions des Indiens
- Distinction, dans certaines tribus, entre le démiurge et l’Esprit suprême
- Pas de creatio ex nihilo chez les Indiens
- Que signifie au juste, et concrètement, cette idée indienne que toute chose est “animée”?
- Les points cardinaux et les manifestations du Grand-Esprit
- Le symbolisme de la polarité quaternaire des qualités cosmiques varie d’un groupe à l’autre
- Du rite du Calumet
- De la Loge à transpirer
- De l’Invocation solitaire
- De la Danse du Soleil
- Magie ordinaire et magie cosmique chez les chamanes
- Magie blanche
- De la Danse des Esprits (Ghost Dance)
- Caractéristique de l’Indien des Plaines et des Forêts
- De l’acte héroïque et silencieux
- Importance spirituelle de la nature
- Pour bien comprendre le destin abrupt de la race indienne
- Cela n’excuse en aucun cas les vilénies dont les Indiens ont été victimes
- De la destruction consciente, calculée, méthodique, officielle – et non point anonyme – de la race rouge
Sur les traces de Mâyâ
- Mâyâ, illusion universelle, mais aussi “jeu divin”
- Du “pourquoi” ou du “comment” de la projection du “jeu divin” selon les Soufis
- Que peut vouloir dire “Mâyâ est inexplicable”
- Du côté inintelligible — et en un sens absurde — de Mâyâ
- Source de la différence entre la perspective strictement métaphysique ou sapientielle et les théologies cataphatiques et ontologiques
- Instabilité, rançon de la contingence
- Qui dit “manifestation” dit réintégration
- L’homme est comme une image réduite du déroulement cosmogonique
- Quelle est la mission de l’homme?
Propos sur la naïveté
- Du moyen le plus simple de se hausser soi-même
- “L’homme de notre temps” et sa hantise de paraître naïf
- Rien de plus simpliste que cette prétention de “repartir à zéro”
- D’une analogie qui peut induire en erreur: celle entre l’enfance des individus et celle des peuples
- Distinction entre une naïveté intrinsèque et extrinsèque
- De la grande et classique erreur de remédier à des abus par d’autres abus
- De la confusion des domaines par nos ancêtres dans les sciences physiques
- De l’acceptation de la dimension animique comme partie intégrante de la religion
- Que faut-il entendre par superstition?
- Que veut dire la phrase de Saint Thomas “une erreur concernant la création engendre une fausse science sur Dieu”?
- De la naïveté de prendre le monde sensible pour le seul monde
- Des ravages du scientisme et de sa psychologie particulière
- Quand on cherche à reconstituer la psychologie des ancêtres…
- De nos jours, tout le monde veut paraître intelligent…
- Il y a partout de la naïveté et il y en a toujours eu
- Si la Bible est naïve, c’est un honneur d’être naïf…
L’homme dans l’univers
- Ce que la science moderne ne peut pas nous dire
- Que voyons-nous, lorsque nous regardons autour de nous?
- Dieu est la plus aveuglante des évidences
- Qu’est-ce que l’égo?
- Du bourbier de l’existence terrestre
- Seul l’intellect ou la croyance religieuse peut percer la couche de glace qui nous recouvre
- Aspect de Miséricorde du fait que nous sommes enfermés dans nos cinq sens
- La Bonté est dans la substance même de l’Univers
- Du symbolisme du jet d’eau
- Comment le sage regarde-t-il les choses ? Comment voit-il le monde phénoménale?
- Des théories les plus fantaisistes sur la “clairvoyance” et le “troisième oeil”
- Visions spirituelles de plus en plus restreintes à cause du principe d’individuation
- L’homme à la recherche de son “étoile”: dans la vérité, dans l’oraison et dans la vertu
Universalité et actualité du monachisme
- Un dénominateur commun des différents monachismes d’Orient et d’Occident
- Monachisme et solitude, à la naissance comme à la mort
- Le monachisme est-il seulement affaire de “vocation”?
- Du reproche fait au contemplatif de fuir le monde
- Du monachisme comme “retranchement pour Dieu”
- Comment cela peut-il alors s’appliquer aux musulmans, aux bouddhistes
- Quelques mots sur la confusion courante entre le syncrétisme et l’éclecticisme
- De la brûlante actualité du monachisme
- Notre époque tend à couper de plus en plus l’homme de ses racines
- L’homme y est défini en fonction d’un prométhéisme déjà séculaire
- Que faut-il comprendre par le “Soumettez-vous la terre” de la Bible?
- Est-il possible que tous les hommes qui ont vécu avant nous aient été frappés d’un aveuglement inexplicable?
- Le monachisme, arme parfaite contre le préjugé de la science et du social
- Par quoi s’explique le succès du matérialisme athée?
- Quand et comment la religion doit-elle s’adapter à des circonstances nouvelles?
- Retour sur le scientisme et le fait de s’extasier sur les vols spatiaux
- Contre le relativisme moderne
- Le monachisme est-il une manifestation de pessimisme?
- Comment l’homme spirituel se situe-t-il par rapport à ce gouffre vertigineux qu’est ce monde?
- Des trois certitudes de la vie temporelle de l’homme : la mort, le Jugement, la Vie éternelle
- De la grande mission du monachisme
Clefs de la Bible
- À quoi faut-il se référer pour comprendre le sens et la nature de la Bible?
- Nécessité des commentaires rabbiniques et cabalistiques, patristiques et mystiques
- Des quatre sens de tout texte scripturaire
- À propos du style biblique
- De l’apparente incohérence de certains textes sacrés
- Des deux clefs de la Bible: le Symbolisme et la Révélation
Religio Perennis
- Du fait que les choses terrestres ne sont jamais proportionnées à l’étendue réelle de notre intelligence
- Quelle est la fonction essentielle de l’intelligence ? Le discernement entre le Réel et l’illusoire
- Discernement et concentration
- Définition de la Religio Perennis : Le Réel est entré dans l’illusoire afin que l’illusoire puisse rentrer dans le Réel
- À cela il faut ajouter les critères d’orthodoxie intrinsèque pour toute religion et toute spiritualité
- Simplicité et complexité
- De la Religio Perennis dans le Christianisme, en Islam, dans le Bouddhisme
- Les “preuves” de Dieu et de la religion sont dans l’homme lui-même
- Religio Perennis et nature vierge, de la nudité primordiale
- Une civilisation est intégrale et saine dans la mesure où elle se fonde sur la “religion invisible” ou “sous-jacente”, la Religio Perennis.