Castes et races, suivi de: Principes et critères de l’art universel, de
Frithjof Schuon. Première édition: Paul Derain, Lyon, 1957. (Image: édition de 1978.)


Ce petit livre traite de trois sujets apparemment bien différents : les castes, les races et les principes et critères de l’art universel.

L’intérêt de la première partie se révèle très vite lorsque l’on s’aperçoit que l’intention de l’auteur ne se limite pas à une explication, quoique très informée et très informante, du système des castes en Inde — système que l’occidental en général a beaucoup de mal à comprendre, — mais qu’il étend cette notion de caste à celle de tendances foncières de la nature humaine se retrouvant en tout homme d’une manière ou d’une autre, même dans une société qui ne se base pas sur un tel système.

Ces tendances font état du degré de contemplativité ou d’absence relative de contemplativité que possède un homme, ce qui détermine également sa forme d’intelligence, l’orientation de sa volonté et le degré d’intégration de ses éléments psychiques et physiques. Dans ce chapitre, se dessine une anthropologie que Frithjof Schuon développera plus en détail, à plusieurs reprises et sous divers angles, dans plusieurs de ses livres ultérieurs. Même si nous possédons tous à des degrés divers ces tendances, l’important est de savoir laquelle prédomine en nous et dans les autres: cela permet de mieux discerner et de mieux comprendre nos attitudes et nos comportements ainsi que de ceux de nos semblables, du moins sous le rapport de la spiritualité, rapport qui est, pour l’auteur, celui qui prime le plus. À cette perspective magistralement exposée dans ce livre, et qui sera très certainement une “découverte” étonnante pour beaucoup de lecteurs constamment endoctrinés par l’égalitarisme moderne, s’ajoute une importante digression sur le statut à donner, dans ce contexte, au monde ouvrier.

Le deuxième chapitre continue, sur un autre plan, l’étude de l’homme. De nouveau, l’auteur tire un excellent parti de la théorie hindoue des “gunas” pour nous expliquer ce que représentent les races à la surface du globe. Ce chapitre met en valeur, pour chaque race, les qualités particulières qui la distinguent d’une autre race. Le texte démontre une connaissance précise de cette question quelque peu épineuse et ne laisse rien au hasard. Il donne aussi tous les critères qui permettent de comprendre une race différente de la nôtre, sans racisme, mais sans anti-racisme également, les deux idéologies étant fausses. S’il est un texte qui présente de la façon la plus véridique ce que devrait être les relations entre les races, c’est bien celui-là. En effet, il nous permet, avec une intuition et une objectivité puissantes, d’apprécier dans l’autre race les qualités qui nous manquent et de voir dans notre race les défauts vers lesquelles elle a tendance à se diriger. Une fois la part des choses faites, il reste, à part d’autres considérations beaucoup plus profondes, un ensemble de remarques et de conseils propres à favoriser une entente sereine et complémentaire entre les diverses races du monde.

Enfin, avec le dernier chapitre, l’on se rend compte que les principes métaphysiques et cosmologiques qui se trouvent à la base des analyses (ou des synthèses) des deux chapitres précédents trouvent également leur application dans l’art. Varuna (‘caste’ en sanscrit) signifie “couleur” ; les races sont en rapport évident avec la couleur; et l’art combine lignes et couleurs. Là encore, les couleurs sont perçues à partir de la “lumière” pure, à savoir la métaphysique intégrale, la Sophia Perennis. Parler d’un art universel après avoir exposé tant de diversités spirituelles, psychiques et physiologiques risque d’être un travail bien difficile. Mais l’artiste ou l’artisan, qu’il soit blanc, jaune ou noir, se divise aussi en ‘spirituel’ et en ‘mondain’, et c’est cette distinction capitale qui permet à Frithjof Schuon de faire de précieuses démarcations, dans les oeuvres humaines, entre un art ‘sacré’ profondément inspiré par le Divin sous toutes ses formes, un art plus profane, et un art proprement anti-spirituel. Cette perspective ouvre des voies de perception des oeuvres artistiques rarement présentées aussi clairement. À lire par tout artiste désireux de retrouver au fond de sa conscience les vraies racines de l’inspiration. Le philosophe et l’admirateur d’oeuvres d’art en général en tireront également grand profit. L’art n’est pas quelque chose qui est laissé à la merci des goûts et des modes, il est, quand il vise la beauté avec véracité, quelque chose d’éminemment objectif, et ce livre fournit toutes les clés pour s’en rendre compte une fois pour toutes.


Chapitres de Castes et Races

  • Le sens des castes
  • Le sens des races
  • Principes et critères de l’art universel

Liste des principaux thèmes abordés dans chaque chapitre

Le sens des castes

  • Le système des castes repose sur la nature des choses
  • Divergence extrême entre la hiérarchisation hindoue et le nivellement musulman
  • Des tendances foncières de la nature humaine, brâhmana, kshatriya, vaishya
  • Les deux fois-nés et le shûdra
  • Ressemblances et différences entre le brâhmana et le vaishya
  • De l’homme sans caste
  • La masse des parias dans l’Inde bénéficie de la loi cosmique de compensation
  • Paria et shûdra
  • L’inférieur ne peut pas comprendre le supérieur
  • Du système des castes et des civilisations sans castes
  • Pourquoi l’occidental a-t-il de la peine à comprendre le système des castes?
  • Parenthèse sur la position ou la qualité de l’ouvrier moderne
  • De l’industrie et des machines
  • Différence entre une machine et un métier à tisser traditionnel par exemple
  • Les machines dévorent des matières souvent telluriennes et ténébreuses
  • Pourquoi l’hindouisme n’abandonne-t-il pas les castes?
  • Le caractère pur et direct de la métaphysique védantine serait inconcevable sans le système des castes
  • Des aspects positifs du “nivellement” musulman
  • L’absence de castes en Islam et en d’autres civilisations n’a rien à voir avec un souci d’humanitarisme
  • Le luxe est un vol envers la nature d’après les Shâstras
  • Du standard de vie machiniste et scientiste qu’on veut imposer à tous les peuples
  • Que faut-il pour pouvoir juger exactement la qualité de bonheur d’un monde passé?
  • Il est contradictoire de vouloir réformer l’humain, comme le veut l’humanitarisme, en dehors du divin
  • Contradiction de la thèse du progrès indéfini
  • L’absence des castes extérieures exige des conditions de civilité spirituelle qui neutralisent les inconvénients de cette absence
  • Degré et mode de l’intelligence de la caste, contemplation et discernement
  • Pourquoi la bhakti ignore-t-elle pratiquement les castes?
  • Pyschologiquement, la caste est un cosmos
  • Un certain rapport entre l’actualisation des castes et le sédentarisme
  • Simplicité et complexité d’un cosmos
  • Castes et absence de dogmes dans l’hindouisme
  • La caste, spirituellement parlant, est la “loi” (dharma) régissant telle catégorie d’hommes

Le sens des races

  • Primauté de la caste sur la race
  • Différences humaines des races
  • Le Blanc, le Jaune, le Noir
  • Les yeux, expression de l’originalité de chaque race
  • Que faut-il pour comprendre le sens des races?
  • Il faut rejeter tout racisme et tout antiracisme
  • Du racisme des blancs
  • De la signification du prognathisme
  • Du visage orthognate, le nez
  • Le plus grand déséquilibre de la race blanche par rapport aux races noirs et jaunes
  • Du caractère des religions créées par les Jaunes
  • Les Jaunes et les Noirs par rapport aux Blancs
  • Ce que le type jaune a de commun avec le type noir
  • La race blanche, extériorisation et contraste
  • Chacune des trois grandes races produise la beauté parfaite
  • Du type tropical
  • Traits qui apparentent Africains, Dravidiens et Balinais
  • Une erreur courante qui affirme qu’il y a un type “italien”, allemand, russe, etc…
  • Du fait de confondre les peuples avec les États
  • L’art des Blancs (du moins l’Occidental) comparé aux autres races
  • Différence entre le héros japonais et le chevalier occidental
  • Application des gunas à l’analyse comparative des castes
  • Notre question n’est pas : Quel est notre héritage racial ? mais Que faisons-nous de cet héritage?
  • Des quatre tempéraments
  • De l’uniformisation moderne
  • De l’opposition, — vraie ou fausse — entre l’Occident et l’Orient
  • Qu’est-ce qui, aux yeux des non-Occidentaux fidèles à leur tradition, rend le colonialisme occidental plus odieux que d’autres jougs physiquement plus cruels?
  • De l’esprit antitraditionnel des jeunes orientaux
  • Pourquoi des traditions millénaires s’écroulent-elles aussi facilement?
  • Du sens critique de l’Occidental
  • Du racisme et de ses motifs illusoires de haine
  • Les raisons de comprendre une race sont en fait beaucoup plus nombreuses

Principes et critères de l’art universel

  • De l’importance fondamentale de l’art dans la vie collective et dans la contemplation
  • L’art sacré et l’art profane
  • L’art sacré ignore dans une large mesure l’intention esthétique
  • Absence de beauté et laideur inévitable de l’ère machiniste et de l’industrialisme
  • Des valeurs que doit exprimer l’art profane sous peine d’être illégitime
  • Définition du “sacré”
  • En quoi un art est-il sacré?
  • Les droits de l’artiste sont dans les qualités techniques, spirituelles et intellectuelles
  • L’art sacré, support indispensable de l’intelligence collective
  • L’Écriture, l’anagogie et l’art dérivent à des degrés divers de la Révélation
  • Des fondements de l’Art chrétien, la peinture des icônes
  • De la conception de l’art bouddhique
  • De l’art figuratif hindou
  • Temples hindous et temples grecs et égyptiens
  • L’art chinois,l’écriture et la nature
  • De l’architecture des Jaunes
  • De l’art judaïque et de l’art musulman
  • Des déviations possibles dans l’art traditionnel
  • Des aspects purement techniques de l’art
  • De la concordance de l’image avec la nature, quand est-elle légitime?
  • De l’observation poussée des formes physiques et du symbolisme traditionnel
  • Tout le “miracle grec” se réduit en somme à la substitution de la seule raison à l’intelligence comme telle
  • Quels sont les trois critères de l’art parfait?
  • La confusion des matériaux d’art, une des grandes erreurs de l’art moderne
  • Pourquoi les peuples les plus artistes de l’Orient adoptent-ils avec empressement les laideurs du monde moderne?
  • D’une plaisenterie de Til l’Espiègle
  • Recherche à tout prix de l’originalité et de la singularité dans l’art moderne
  • De la substitution de l’imagination créatrice à la forme qualitative dans l’art moderne
  • Qu’est l’erreur de la thèse de “l’art pour l’art”?
  • Des catégories de plus en plus factice des oeuvres d’art
  • De l’exaltation d’un artiste parce qu’il exprime son temps
  • Projection de qualités imaginaires et proprement hystériques dans les futilités les plus insignifiantes dans l’art moderne
  • Même chose pour la poésie et pour la musique modernes
  • La déchéance de la musique et de la poésie a été infiniment moindre que celle des arts plastiques et de l’architecture
  • Il ne s’agit pas, pour les artistes, de retourner en arrière
  • Intelligence, beauté et noblesse sont les qualités que l’art profane devrait exprimer.