La sainteté, c’est le sommeil de l’ego et la veille de l’âme immortelle – de l’ego nourri d’impressions sensorielles et rempli de désirs, et de l’âme libre, cristallisée en Dieu. La surface mouvante de notre être doit dormir et par conséquent se retirer des images et des instincts, tandis que le fond de notre être doit veiller dans la conscience du Divin et illuminer ainsi, telle une flamme immobile, le silence du saint sommeil.
❧
Frithjof Schuon, Les Perles du Pèlerin, Éditions du Seuil, France, 1990.
On pourrait parler de “miracle shankarien”, car ce phénomène intellectuel est quasi unique par son caractère à la fois direct, rigoureux, explicite et intégral (…) Tout le message des Upanishads, des Brahma-Sûtras de Bâdarâyana et finalement de Shankara se laisse condenser dans les paroles suivantes: “Brahma seul est réel; le monde est illusion: Mâyâ; l’âme n’est rien d’autre que Brahma.
Sur le plan de la métaphysique en tant que telle — et c’est cela seul qui importe en dernière analyse — Shankara fut l’une des autorités les plus éminentes qui aient jamais existé sur terre; son envergure fut de l’ordre prophétique (…) ce qui signifie qu’il fut aussi infaillible que les Upanishads. L’oeuvre doctrinale et institutionnelle de Shankara marqua l’inauguration d’un millénaire de floraison intellectuelle et spirituelle: qui dit sagesse hindoue dit Shankara.
❧
Frithjof Schuon, “David, Shankara, Hônen”, Avoir un centre, Maisonneuve & Larose, France, 1988, pp. 122-123.