La vie d’un homme, et par extension tout son cycle individuel dont cette vie et la condition d’homme elle-même ne sont que des modalités, est en effet contenue dans l’Intellect divin comme un tout fini, c’est-à-dire comme une possibilité déterminée qui, étant ce qu’elle est, n’est dans aucun de ses aspects autre qu’elle-même, car une possibilité n’est pas autre chose qu’une expression de l’absolue nécessité de l’Être; et c’est de là que vient l’unité ou l’homogénéité de toute possibilité, qui est donc ce qui ne peut pas ne pas être.

Dire qu’un cycle individuel est inclus sous une formule définitive dans l’Intellect divin revient à dire qu’une possibilité est incluse dans la Toute-Possibilité, et c’est cette vérité qui fournit la réponse la plus décisive à la question de la prédestination. La volonté individuelle apparaît alors comme un processus qui réalise en mode successif l’enchaînement nécessaire des modalités de sa possibilité initiale qui, elle, est ainsi décrite ou récapitulée symboliquement.

On peut aussi dire que, la possibilité d’un être étant forcément une possibilité de manifestation, le processus cyclique de cet être est l’ensemble des aspects de sa manifestation et par là de sa possibilité, et que l’être ne fait rien d’autre, au moyen de sa volonté, que de manifester, en mode différé, sa manifestation cosmique et simultanée; en d’autres termes, l’individu retrace d’une manière analytique sa possibilité synthétique et primordiale qui, elle, a sa place inéluctable, parce que nécessaire, dans la hiérarchie des possibilités; et la nécessité de chaque possibilité est fondée métaphysiquement, nous l’avons vu, sur l’absolue nécessité de la Toute-Possibilité divine.

Frithjof Schuon, “Transcendance et universalité de l’ésoterisme”, De l’unité transcendante des religions, Éditions du Seuil, France, 1979, pp. 74-75.

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