Le soleil, n’étant pas Dieu, doit se prosterner tous les soirs devant le trône d’Allâh; c’est ce qu’on dit en Islam. De même: Mâyâ, n’étant pas Atmâ, elle ne peut s’affirmer que par intermittences; les mondes jaillissent de la Parole divine et rentrent en elle.

L’instabilité est la rançon de la contingence; poser la question de savoir pourquoi il y aura une fin du monde et une résurrection, revient à demander pourquoi une phase respiratoire s’arrête à un moment précis pour être suivie de la phase inverse, ou pourquoi une vague se retire de la rive après l’avoir submergée, ou encore, pourquoi les gouttes d’un jet d’eau retombent à terre.

Nous sommes des possibilités divines projetées dans la nuit de l’existence, et diversifiées à cause de cette projection même, comme l’eau s’éparpille en gouttes quand elle est lancée dans le vide, et aussi, comme elle se cristallise quand elle est saisie par le froid. 


Schuon, Regards sur les mondes anciens, “Sur les traces de Mâyâ“, Éditions Traditionnelles, Paris, 1980, p. 117.

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