Certes, Dieu est ineffable, rien ne peut le décrire, ou ne peut l’enfermer dans des mots ; mais d’un autre côté, la vérité existe, c’est-à-dire qu’il est des points de repère conceptuels qui rendent suffisamment compte de la nature de Dieu ; sans quoi notre intelligence ne serait pas humaine, ce qui revient à dire qu’elle n’existerait pas, ou simplement qu’elle serait inopérante à l’égard de ce qui fait la raison d’être de l’homme. Dieu est inconnaissable et connaissable à la fois, paradoxe qui implique – sous peine d’absurdité – que les rapports sont différents, d’abord sur le plan de la simple pensée et ensuite en vertu de tout ce qui sépare la connaissance mentale de celle du cœur ; la première étant un « percevoir », et la seconde un « être ». « L’âme est tout ce qu’elle connaît », disait Aristote ; il faut ajouter que l’âme peut connaître tout ce qu’elle est ; et qu’elle n’est autre en son essence que Ce qui est, et Ce qui seul est.
Schuon, Du Divin à l’humain, Le Courrier du Livre, 1981, p. 74